Le West Bengal est un Etat de l'Union indienne. Le pays que nous appelons Inde est en effet une fédération d'états qui ont chacun leur parlement et leur gouvernement.
Certaines décisions sont prises à New Delhi pour l'Inde toute entière, mais d'autres sont prises dans la capitale de chaque état. Pour le West Bengal, il s'agit de Kolkata.
Kolkata, nouveau nom de Calcutta, est pour les occidentaux l'image même de la misère du terre. C'est en général tout ce que nous connaissons du West Bengal.
Pourtant le Bengale occidental mérite mieux que cette terrible image.
La misère dans laquelle vivent de nombreux habitants de Kolkata est bien réelle,
mais souvent les plus pauvres viennent en fait des états voisins, en particulier du Bihar.
Les communistes au pouvoir au West Bengal depuis trente ans, ce qui en fait le plus ancien
gouvernement dirigé par des communistes démocratiquement élus dans le monde, est fier de
sa grande réussite : la réforme agraire. Les petits paysans du West Bengal ne sont pas dans
une situation aussi dramatique que ceux du Bihar ou du Bangladesh parce que des terres leur
ont été distribuées. Le système n'est pas parfait, mais il s'agit d'une des réformes agraires
les plus abouties dans le monde.
Les communistes du CPI(M) sont aujourd'hui en perte de vitesse.
Ils ont perdu les dernières élections pour les députés au parlement central de New Dehli.
Continueront-ils à diriger le gouvernement à Kolkata après les prochaines élections du Parlement du West Bengal ? Le doute s'installe, mais il y a encore quelques mois, cela semblait aller de soi. Le principal parti d'opposition, le Trinamool, ne semblait pas à la hauteur. Et même des gens riches affirmaient voter communiste par tradition familiale.
Beaucoup de jeunes Bengalis de la première moitié du XXème siècle se sont en effet engagés dans les rangs communistes dans le cadre d'un combat nationaliste pour l'indépendance de l'Inde. Mais lorsque cette indépendance est arrivée, le parti communiste a expliqué à ses membres qu'il s'agissait d'une indépendance théorique, en l'absence d'un vrai changement social. Le combat a continué, et le CPI(M) a conquis le pouvoir.
Ni la démocratie, ni l'économie de marché n'ont été remises en cause. Dans les années 90, le gouvernement de "Front de gauche" dirigé par les communistes a pris une orientation plus libérale, afin que le Bengale profite de la forte croissance de l'économie indienne et attire les capitaux étrangers. La classe moyenne s'est enrichie tandis que les campagnes restaient quadrillées par les militants du Parti, très présents dans chaque village.
La forte politisation de la société du West Bengal l'a en partie protégée des violences entre communautés religieuses. Les conflits sont posés en termes politiques. Les militants des deux principaux partis se combattent parfois physiquement, et il y a régulièrment des morts.
Les communistes n'ont pas fait disparaitre le système des castes. Il est encore en filigrane d'une grande partie de la vie sociale. Mais il n'est pas très apparent sauf au moment du mariage.
De même la religion a gardé toute sa place dans la vie quotidienne. Dans les villages la faucille et le marteau peints sur les murs côtoient les statues des Dieux.
Le West Bengal est l'Etat le plus densément peuplé de l'Union indienne, avec une moyenne de 904 habitants au kilomètre carré. Les statistiques n'y font pas apparaître un déséquilibre entre les naissances de filles et de garçons, ou des mariages très précoces, comme cela peut se voir dans certains états indiens.
Les communistes doivent faire face sur leur gauche à la guerilla armée des naxalistes qui contrôlent certaines portions du territoire.